La Résistance landaise tient son lieu de mémoire

La Résistance landaise tient son lieu de mémoire

20-09-2021

La Résistance landaise tient son lieu de mémoire

Samedi 4 septembre, l’inauguration du mémorial de la Résistance landaise à Téthieu a récompensé l’opiniâtreté de l’ANACR 40 et de son infatigable président, Jean Ooghe.

« Enfin ! ». Le cri du cœur, lancé par Jean Ooghe au début de son discours, résume la longueur de l’attente. Enfin, la Résistance landaise pourra célébrer ses martyrs dans un lieu unique. Au pied de l’église de Téthieu, 350 noms sont gravés dans la pierre, ceux des combattants morts au combat ou en déportation. Le monument, imaginé par le sculpteur Alain Huth, représente en son centre le déraillement d’un train, rappelant ainsi la destruction en gare de Laluque, le 27 juillet 1944, de 69 wagons de munitions par Henri Ferrand, un instituteur de 24 ans.

La commune de Téthieu n’a pas été choisie au hasard, comme l’a rappelé son maire, Alain Dubourdieu. Léonce Dussarrat, dit « Léon des Landes » y avait installé son maquis, regroupant une centaine d’hommes. Le 11 juin 1944, l’armée allemande lança l’assaut, en représailles à la mort de deux de ses soldats dans un accrochage. Léon des Landes fit sauter son dépôt de munitions, ce qui permit la fuite des maquisards. Mais sept d’entre eux périrent, tués au combat ou exécutés deux jours plus tard à Dax. Lors de l’inauguration du mémorial, une mitraillette Sten, abandonnée par un résistant, trônait sur la sculpture, pour rappeler cet épisode tragique.

L’indispensable devoir de mémoire

Devant une foule de plus de 300 personnes, Jean Ooghe a célébré « une victoire de la mémoire ». Le président de l’Association landaise des anciens combattants et des amis de la Résistance (ANACR 40) a rappelé le « lien viscéral » qui l’attache à la mémoire des disparus, lui qui s’engagea à 12 ans aux côtés de son père pour combattre les Nazis dans son Pas-de-Calais natal. Dans un hommage vibrant à ces soldats de l’ombre, de toutes origines sociales et de toutes confessions, le nonagénaire a martelé : « C’est leur honneur et leur grandeur d’avoir sacrifié leur propre vie à leur raison de vivre : l’amour de la patrie et de la liberté ». Soulignant l’intense travail de recherches qui a abouti à cette liste de 350 martyrs, il s’est adressé à ses camarades de l’ANACR 40 : « Soyez fiers de ce que vous avez fait. La mémoire de nos disparus ne disparaitra pas avec le temps ».

Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Anciens combattant et à la Mémoire, a souligné l’importance du monument : « les noms gravés dans la pierre inscrivent le souvenir dans le temps long, par-delà les générations. Ce mémorial fédère l’âme de notre département, profondément républicaine ». 

Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des Landes, voit dans ce nouveau lieu de mémoire une inspiration et une leçon pour le présent et l’avenir, alors que ressurgissent, ici et là, « des slogans et des idéologies que l’on croyait à jamais vaincues. Ne pas oublier, c’est certes garder au plus profond de soi le souvenir des disparus, mais c’est aussi rester vigilant pour éviter que notre pays ne sombre à nouveau dans le cauchemar qu’il a vécu ».

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