La belle histoire d’Adour des Landes

La belle histoire d’Adour des Landes

22-06-2021

La belle histoire d’Adour des Landes

L’exposition des Archives départementales, « Adour, d’eau et d’hommes », retrace le fil de la relation intime entre les Landais et leur fleuve.

Plus de la moitié des quelque 310 km de l’Adour se situent dans les Landes. Un tiers de la population landaise habite à proximité du fleuve, qui traverse le département d’est en ouest, arrosant 51 communes. Dès lors, « c’était une évidence pour les Archives de traiter ce sujet car l’histoire des Landes est intimement liée à celle de l’Adour », assure Nathalie Soubaigné, commissaire de l’exposition, d’autant que, ajoute-t-elle, « notre mission est de valoriser le patrimoine et la culture de notre département en les portant à la connaissance de tous ».

L’exposition embrasse l’ensemble du bassin versant de l’Adour, soit environ 6 000 torrents, ruisseaux ou rivières. Elle s’attache à montrer les multiples facettes du « lien étroit entre l’homme et le fleuve », explique l’historienne Chantal Boone, membre du Comité scientifique avec le géographe Jean-Jacques Fénié et la guide-conférencière Sophie Lefort : « Ce qui nous intéresse, c’est la manière dont l’homme s’adapte à son milieu, comment il s’installe, apprivoise le fleuve, le subit de temps en temps, en tire parti et l’aménage ».

Des enjeux qui évoluent au fil des siècles

L’Adour est mentionnée dès l’Antiquité, en lien avec la ville de Dax, dont « le nom latin Aquae a donné son nom à l’Aquitaine, le pays des eaux », rappelle Jean-Jacques Fénié. Le fleuve est tout d’abord nourricier. La pêche se structure sur la base d’une ressource abondante et diversifiée (anguille, alose, silure, saumon, lamproie). Une polyculture traditionnelle s’installe jusqu’à la révolution du maïs des années 50 qui transforme les paysages.

Lavandières et tanneurs occupent les berges, tandis que moulins et forges, comme le haut-fourneau de Brocas, utilisent la force du courant. Des croyances et des rituels prêtent des vertus curatives à l’eau, tant et si bien que « le bassin de l’Adour devient un des espaces du territoire national les plus fournis en sources miraculeuses », relève Chantal Boone. La médecine s’empare de ces pratiques populaires : les stations thermales fleurissent (Gamarde, Préchacq, Dax…), évoluant peu à peu en lieux de villégiature contribuant au développement des activités de plein air (croquet, canotage…).

L’aménagement du fleuve et de ses rives devient une question politique, avec un enjeu parfois national comme le détournement de l’embouchure de l’Adour vers Bayonne en 1578, ordonné et suivi par les rois Charles IX et Henri III. Les pouvoirs locaux organisent l’espace aux abords des cours d’eau, régulent la navigation, construisent ports et ponts. S’ensuit un essor du commerce qui connaît son apogée du milieu du XVIIe siècle au début du XIXe. De régionaux, les circuits commerciaux deviennent internationaux, selon Jean-Jacques Fénié : « Le fleuve devient une voie de circulation et de transport en grand lien avec Bayonne ». Dans le port basque, se croisent les marchandises importées d’outremer (épices, cuir, cacao, poissons séchés, etc.) et celles exportées de tout le Sud-Ouest (bois, résine, céréales, vins, eaux-de-vie).

L’avènement de nouveaux moyens de transport aura raison de cet âge d’or du commerce fluvial. En partenariat avec l’Institution Adour, l’exposition consacre 4 de ses 17 panneaux aux problématiques gérées par l’Établissement public territorial de bassin (EPTB) depuis sa création en 1978 ainsi qu’aux défis, induits par le changement climatique, qu’il devra affronter dans le futur. « Les enjeux territoriaux, politiques et économiques ont laissé la place à des enjeux environnementaux et récréatifs », résume Chantal Boone.

Une découverte libre

L’exposition mise sur des modules interactifs et innovants. Deux plateaux de jeux permettent de situer ports et ponts ou de retracer les chemins du commerce florissant des XVIIe au XIXe siècle. Une vidéo présente la géomorphologie du fleuve, de ses trois sources à l’embouchure, en passant par ses milieux naturels spécifiques comme les saligues et les barthes. Pour l’occasion, les Archives dévoilent quelques-uns de leurs trésors : reproductions de plans des Ponts-et-Chaussées ; plaques de verre représentant la vie quotidienne aux environs de Saint-Barthélémy dans les années 1880 ; « capsules » de documents originaux, illustrant chaque mois une thématique différente. Des espaces de consultation audio complètent le dispositif.

Autre parti-pris scénographique : il n’y a pas de sens de visite. « Chaque visiteur est libre de choisir son parcours en fonction de sa sensibilité vis-à-vis du fleuve », justifie Nathalie Soubaigné.

« Le principe de l’exposition, c’est de rendre acteur le visiteur par le biais d’animations et de jeux qui lui permettent de s’en approprier le contenu. »

Nathalie Soubaigné, Commissaire de l’exposition

Une exposition itinérante

« D’Adour, d’eau et d’hommes » s’inscrit dans le dispositif « Connaissances partagées du territoire ». À ce titre, elle a été conçue en double exemplaire afin de pouvoir voyager dans les médiathèques, communautés de communes et autres institutions des différents territoires landais. Celles-ci auront la possibilité d’y ajouter des contenus spécifiques car des panneaux vacants ont été prévus. « Le volet territorial sera enclenché à partir de septembre, lorsque les conditions sanitaires le permettront »,  précise Nathalie Soubaigné.

Infos pratiques

Exposition « Adour, d’eau et d’hommes » jusqu’au 15 décembre 2022.
► Du lundi au jeudi : de 8 h 30 à 17 h 30
► Le vendredi : de 8 h 30 à 16 h 30
Entrée libre et gratuite

Archives départementales des Landes
25 place du 6e RPIMA
40000 Mont-de-Marsan
Tél. : 05 58 85 75 20
Archives départementales des Landes

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