12-12-2021
En session extraordinaire, le Conseil départemental s'est engagé, à une large majorité (23 pour, 4 abstentions, 3 contre), en faveur du financement de ce « projet ambitieux » pour la mobilité durable.
Suite au débat du 22 octobre sur la relance par le gouvernement du Grand projet du Sud-Ouest (GPSO), les élus landais ont voté, vendredi 10 décembre, leur engagement pour les deux lignes à grande vitesse, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, et leur financement via la création d'un Etablissement public local (EPL).
En introduction, Xavier Fortinon a rappelé tout l'enjeu de ce GPSO dont l’utilité publique a été reconnue en 2018 par le Conseil d’État. « La seule question qui vaille, a dit le président du Conseil départemental, c'est : voulons nous - oui ou non - la LGV Bordeaux-Dax via Mont-de-Marsan ? Si nous hésitons, si nous n'affichons pas clairement notre volonté, je prends le pari que le Comité d'orientations des investissements se tournera vers d'autres projets, il n'en manque pas, et Bordeaux-Dax sera renvoyé au-delà de 2037 ! ».
« Nous sommes face à un choix historique pour l'attractivité du territoire et l'accès à la mobilité pour tous. La réalité est têtue. L’augmentation incessante du trafic poids lourds entre Hendaye et Bordeaux ne pourra pas être supportée par les infrastructures actuelles. Si nous ne faisons pas le choix du ferroviaire, alors ce sera la route avec les conséquences désastreuses pour notre cadre de vie et donc notre qualité de vie. »
Xavier Fortinon, président du Conseil départemental des Landes
Saluant « la constance de l'engagement de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) des Landes et de l'ensemble des 13 CCI de la région » dans ce dossier « essentiel au développement », M. Fortinon s'est félicité, « sans états d'âme, que l'Etat ait pris ses responsabilités », et qu'Alain Rousset et Carole Delga (présidents PS de Nouvelle-Aquitaine et d'Occitanie) n'aient « pas ménagé leurs efforts ».
Un budget de 2,47 M€ annuels
Après lui, Olivier Martinez, vice-président du Département, a détaillé le plan de financement de ce projet de 14,3 milliards d'euros, dont 4 Mds€ pour la branche vers Dax. 40 % seraient pris en charge par l'État, 40 % par les collectivités locales en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, et 20 % par l'Europe. En prenant en compte une fiscalité affectée, la participation prévisionnelle du Département des Landes passerait de 140,9 M€ à 98,6 M€ sur 40 ans, soit un budget de 2,47 M€ annuels.
Alors que trois collectivités locales sont sollicitées dans le plan de financement (le Département, l'agglomération de Mont-de-Marsan pour 31 M€ et le Grand Dax pour 32,6 M€), M. Martinez a insisté : « le Conseil départemental prend ses responsabilités, j'espère que les deux autres collectivités (NDLR : elles sont amenées à voter dans les prochains jours) sauront prendre les leurs ».
Un financement à boucler avant fin 2021
Chef de l'opposition au Département, Julien Dubois, maire de Dax et président de l'Agglomération dacquoise, a rappelé qu'il était favorable à la LGV et que « participer à son financement est légitime ». Mais avant de s'abstenir avec ses trois collègues, il s'est dit « gêné que la délibération propose d'adopter l'ensemble du financement qui prévoit une participation substantielle du Grand Dax alors que notre instance n'a pas encore délibéré à ce stade » et que des « réserves très fortes » ont été exprimées par les maires de l'Agglomération. Seules deux intercommunalités landaises sur 18 étant appelées à payer dans le plan, « cette répartition peut choquer », a-t-il poursuivi, relevant aussi « les doutes et l'inquiétude sur la pérennité de la gare LGV de Dax », avec une nouvelle halte prévue à Saint-Geours-de-Maremne dans la deuxième phase du projet vers l'Espagne (NDLR : la poursuite du tracé au sud de Dax ne fait pas l’objet d’une déclaration d’utilité publique et n’est pas programmée aujourd’hui). « Faire croire que la gare de Dax ne sera pas une gare LGV, c'est spécieux comme argument », a rétorqué M. Fortinon.
Du côté de la gauche de la gauche, trois élus ont voté contre, Jean-Marc Lespade (PCF) déplorant notamment « un nouveau désengagement de l'Etat qui avait intégralement financé les lignes vers Lyon et Marseille » et Sylvie Péducasse dénonçant « l'amputation de zones naturelles ». Dehors, une petite dizaine de manifestants venus des rangs d'EELV, des Amis de la Terre ou de la CGT, s'étaient réunis, devant l'Hôtel Planté qui abrite le Conseil départemental, pour dire leur hostilité au projet.
L'ensemble des collectivités locales concernées en Nouvelle-Aquitaine ont jusqu'à la fin de l'année pour rendre leur avis ou poser leurs conditions sur le plan de financement et la suite à donner à ce projet d'envergure.
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