Commune montfort Fontaine Trou-Madame

Commune montfort Fontaine Trou-Madame

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Catégories : Sources et fontaines

Localisation

1 km des bains de Préchacq, près de l’avenue des Sources.

Histoire, anecdotes

Le Trou de Madame est aujourd'hui en ruine. Pourtant il y a moins d'un demi-siècle il était encore un lieu de cure réputé. Situé en plein cœur du sesca (ndlr : grande prairie) de Préchacq-les-Bains, il doit sa survie à un groupe de passionnés, l’ association culturelle, « Sur les pas du valet de cœur », et son président Jean-Pierre Marquant. Le groupe doit son nom à la figure de Lahire, valet de cœur des jeux de carte. Étienne de Vignolles, dit La Hire, est né à Préchacq vers 1390 et était un compagnon de Jeanne d'Arc. Cet homme de guerre aurait profité de l'eau thermale du village landais.

L'écrivain Michel de Montaigne, grand coureur de bains, venu soigner sa gravelle vers 1580, écrit dans son Journal de voyage : « À la vérité, tout cela est fort sauvage et ne serais d'avis d'y envoyer mes amis ! » L'auteur des « Essais » ne s'était pas fait une belle opinion de ce lieu. Dans ses « Mémoires sur les eaux thermales », Jean Thore, botaniste français de la fin du XVIIIe siècle, abonde en ce sens. Il décrit « un endroit très malsain où les environs sont couverts d'eau les trois quarts de l'année. » Plus étonnant, il présente le lieu comme un endroit dangereux. Il met en garde les futurs visiteurs : « Si l'Adour vient à déborder, toute communication est rompue ; malheur à ceux qui n'auront pas eu l'attention de se précautionner comme pour un voyage au long cours ; car si le débordement vous surprenait, on courrait le risque d'y périr de faim, si d'ailleurs on n'y est pas égorgé, puisque ce bois passe pour la retraite chérie des voleurs. »
D'où vient donc cette dénomination si particulière qui laisse imaginer les interprétations les plus farfelues ? Même si les légendes vont bon train, deux semblent tenir la route. Une religieuse aurait été retrouvée morte dans le trou. Sans doute à l'occasion d'une cure. Jean-Pierre Marquant préfère celle qui prétend que seules les femmes venaient s'y baigner.

Il faut savoir également que la source n'a pas toujours été située au niveau du Trou de Madame. À l'origine, l'œil - « lou oueilh » en gascon - était prisé des curistes. Mais en 1922, Paul Dumartin, le nouvel exploitant, a une idée. Pourquoi ne pas changer de lieu ? C'est ainsi que la source est déplacée de quelques mètres jusqu'au trou de madame pour des raisons de commodités.
Paul et son épouse Mathilde décident d'en faire un véritable lieu de vie. Ainsi ils font construire une hostellerie, comprenant 15 chambres établies sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, on y trouve une cuisine, un réfectoire et un cellier. Tout pour recevoir au mieux les curistes. Autour du bassin, sont construits un vestiaire, une baignoire et des douches. Paul Dumartin fait même installer une pompe à eau et une chaudière pour lutter contre le refroidissement de l'eau de la source. Ainsi la température variait entre 37°C et 38°C.
Des aménagements considérables pour l'époque. Les Dumartin se démènent pour faire de cet endroit un véritable lieu de vie.

Une véritable petite communauté se formait autour du Trou de madame. Les habitants du village se joignaient aux curistes pour partager des parties de cartes, sur la terrasse, dans le calme du sesca. Le dimanche, au son de l'accordéon et du saxophone, les gens aimaient à danser. Certains racontent que des couples se perdaient dans le sesca, n'ayant cure des rencontres avec les redoutables moustiques. Aujourd'hui, les moustiques sont toujours là mais le lieu a bien changé. C'est en 1963 que les Dumartin cessent de recevoir des curistes au Trou de Madame. L'année suivante, la commune de Préchacq rachète « le local Dumartin » et par là-même le Trou. Un projet de restauration est même prévu en 1970 mais l'idée ne fait pas recette. En 1972, le Conseil municipal accepte l'offre de démolition d'un certain monsieur Olin.

Depuis, Jean-Pierre Marquant et son association mettent tout en œuvre pour ne pas laisser mourir ce lieu empreint d'histoire. À l'occasion du dernier Printemps des Landes, le Trou a retrouvé une seconde jeunesse. Aujourd'hui encore, les bénévoles se démènent pour sauvegarder l'héritage des Dumartin. Jadis, le bassin était entouré de prairies. Les habitants de la commune y amenaient canards, oies, vaches et autres cochons. Mais à la fin du printemps, la place était laissée à la récolte du foin. Le sesca est aujourd'hui couvert de peupliers et de vergers.

Rattaché aux Thermes
Il n'est pas rare de croiser, au détour d'une promenade, des curistes occasionnels. « Il y a peu, j'ai croisé un homme assis dans le bassin en train de lire son journal. Il venait tous les jours pendant 30 minutes pour soigner un psoriasis (ndlr : inflammation chronique de la peau) », raconte Jean-Pierre Marquant. Preuve que même si la température de l'eau a chuté à 28-30°C, son effacité ne faiblit pas. Néanmoins, le Trou de Madame reste un lieu touristique mais en aucun cas un lieu de cure.
Depuis 1998, la source appartient à la Chaîne thermale du soleil. Stan Francesconi est responsable technique aux thermes de Préchacq depuis 10 ans. « Pour nous, le Trou de Madame n'a pas d'utilité mais ça reste une ressource thermale que l'on veut conserver. Aucun projet de restauration n'est prévu à court terme. »
Le Trou est donc condamné à rester pour l'instant un lieu touristique.